Tu es au courant, les femmes ont leurs règles, tous les mois. Plus de la moitié de la population mondiale. Ces règles entraînent un certain nombre de désagréments, à commencer par le tabou qui les entoure.
Pourtant, il serait possible de rendre cette période bien plus facile à vivre...ce qui serait le cas à mon avis si c'étaient les hommes qui avaient leurs règles.
Déjà, les protections serait remboursées par l'assurance maladie. Ca t'étonne? C'est quelque chose dont on ne peut pas se passer, pas vrai? Pourquoi doit on le payer? Et plutôt cher en plus! Et les systèmes lavables, serviettes lavables ou mooncup, serait bien plus répandues. Moins chères, non polluantes et surtout sans risques sanitaires, elles auraient le vent en poupe pour préserver la santé intime de ces messieurs. Pourquoi les serviettes lavables, que j'utilise et dont je suis complètement satisfaite, sont-elles jugées sales? Du sang, c'est du sang, non? Si je me coupe la et que je tâche mes vêtements, je vais simplement les laver, non, pas les jeter? Je lave donc mes serviettes et je suis ravie de ne plus dépenser mon argent pour être en contact avec des produits toxiques et en plus polluer.
Les publicités pour ces protections seraient réalistes. Pas de liquide bleu, pas de mec en minishort blanc pour en vanter les mérites. C'est du sang. Ce n'est pas bleu. Ce n'est pas sale. Et personne ne met un minishort blanc en période de règles! Ces tabous entretiennent l'idée que les règles, c'est honteux, c'est à camoufler, il faut faire comme si de rien n'était...
Les règles, c'est souvent douloureux. Il y aurait beaucoup plus de recherche pour avoir des solutions pour soulager ces douleurs. Et 2 jours mensuels de congé payés pour les hommes pour les débuts de règle, la période où c'est le plus gênant. Dans la même lancée, le syndrome prémenstruel qui touche beaucoup de femmes serait complètement pris au sérieux. Il y aurait également des recherches bien plus poussées pour le soulager. Ce ne serait plus un moyen de décridibiliser et d'infantiliser les femmes: "oh mais t'es pénible, t'as tes règles ou quoi?" . Au contraire, ce serait un facteur de patience, d'écoute: "attend, il a ses règles quand même, donne moi ce dossier supplémentaire, je vais le traiter." "Oh, il a ses règles, aujourd'hui on lui envoie moins de clients, qu'il puisse souffler". Et à la maison mesdames seraient priées de prendre pour elles plus de tâches pour soulager ces messieurs et les laisser se reposer dans cette période d'indisposition. On peut même aller plus loin: j'imagine un procès aux Prud'hommes où un patron voudrait renvoyer un employé qui aurait insulté un client. La défense:"Mais ce client s'est montré odieux, alors que c'était le premier jour des règles de l'employé! C'est inadmissible!". Et le patron serait sanctionné et contraint de dédommager grassement son employé...Mais oui, on peut voir les choses ainsi, si on n'est pas sexiste.
Les règles seraient un sujet de conversation comme un autre. On saurait qui les a, quand. Les hommes iraient se changer aux WC avec leur protection à la main. Sans les cacher honteusement. En chemin, ils en parleraient. " ah tien, tu as des serviettes MAM? Moi je suis passé à la mooncup, c'est top!" Dans tous les WC publics et de travail, il y aurait des distributeurs de protections, avec du choix. Des poubelles correctes et bien tenues.
Si un homme avait une fuite, il ne se cacherait pas honteusement en mettant un pull à sa taille. Il en rirait, et il aurait le droit de partir de son travail pour aller se changer chez lui.
Les jeunes garçons à l'école ne serait pas livrés à eux mêmes avec leurs règles. Il y aurait des cours exprès, avec des personnels spécifiques. Des sages-hommes. Qui leur expliquerait bien ce qu'il se passe en eux. Et leur montrerait les différentes manières de se protéger. On en informerait également les filles, pour qu'elles respectent bien ces périodes particulières chez leurs camarades. Les garçons auraient le droit de s'absenter de cours, de ne pas aller en gym si besoin, pendant leurs règles. Quand un garçon aurait ses premières règles, il en parlerait sans aucune honte autour de lui: sa famille, ses amis, ses professeurs.
Mais ce sont les femmes qui ont leurs règles. Et notre société patriarcale utilise ce simple phénomène biologique pour les humilier, les rabaisser, les exploiter un peu plus encore.