Tu peux lire les deux premiers épisodes ici et là.
J'étais épuisée. J'avais tenté de pousser sans succès. La Pouillette ne descendais pas. Tout à coup, la SF a appelé le gynéco, qui est arrivé en trombe et a dit "on monte au bloc!".
Je n'ai pas compris ce qui arrivait. J'avais saisi que ça clochait, mais je ne savais pas...je ne sais plus qui m'a dit "le bébé souffre, il va mal, on doit ouvrir".
"Ouvrir"?
Ah oui, ouvrir mon ventre, bien sûr!
Comprends moi bien: j'étais jeune, j'avais passé une super grossesse, je n'avais pas du tout abordé le sujet de la césarienne et encore moins celui de la souffrance foetale, et pour moi, la mort était une chose impossible.
Et là, j'ai compris que chaque minute comptais, que mon bébé allait mal, qu'il fallait la sortir vite, que j'allais payer de ma personne pour ça.
J'ai pleuré de peur et d'impuissance.
J'ai pleuré car j'étais dépassée.
Je ne pouvais rien pour mon bébé. Quelle horreur de savoir qu'en moi, elle allait mal! Mon ventre était censé être son abri, pas son tombeau.
De l'opération je ne garde qu'un souvenir confus, je crois que la dose de péri suivie de peu par un autre machin qui m'a endormi le corps jusqu'au cou m'a complètement shootée.
Je me souviens d'avoir déliré, d'avoir eu l'impression qu'une grande violence se déchaînait derrière le rideau. Je disais n'importe quoi, et l'anesthésiste a du m'attacher les bras dans les gouttières pour me les maintenir en croix.
Je ne me souviens pas du premier cri de la Pouillette. J'ai dû perdre connaissance à quelques reprises.
Contrairement à plusieurs nanas dont j'ai lu et entendu les témoignages, je n'ai pas l'impression d'avoir raté mon accouchement, d'avoir été dépossédée de quelque chose, d'avoir essuyé un cuisant échec.
J'ai eu l'impression d'avoir été sauvée, et ce n'était pas qu'une impression. Ma Pouillette et moi avons été sauvées, et elle aurait pu mourir, dans mon ventre, sans pouvoir sortir.
Je me souviens de cette bouffée d'amour fou quand je l'ai vue. Cette quantité d'amour énorme que je ne savais pas avoir en moi.
Ça m'a submergée, un vrai coup de foudre, bien plus fort que tout ce que j'avais pu ressentir avant.
Aujourd'hui encore j'ai une énorme reconnaissance pour l'équipe médicale qui était là. Ils ont agi au mieux, ils ont pris soin de moi et de mon bébé. Ils ont assuré. Ils ont été adorables.
Je n'étais en rien préparée à vivre une césarienne d'urgence, ce fut une sacrée épreuve.
Quand j'ai repris mes esprits, ma Pouilette était sur moi, tétant avec toute l'ardeur se sa petite bouche, et c'était merveilleux.
J'en garde ma cicatrice, comme ma blessure de guerre.
Je l'aime, cette cicatrice, comme un souvenir, comme une preuve.
Et toi, ton accouchement?