Je lutte pourtant, je lutte.

Je déteste l'idée de ne pas être responsable de mes actes, d'être programmée, conditionnée.

Pourtant ça arrive, je fait tout pour que ça n'arrive pas, mais ça arrive.

Ces phrases là, ces intonations.

Ca m'a blessée, pourtant. A tel point que je me suis créé une armure autour du coeur.

Mais parfois c'est comme ça, c'est plus fort: c'est ce que je suis.

Ce qu'elle m'a légué, ma mère...

Mon père, aussi, d'ailleurs.

Je parle, et ce sont ses mots à elle qui sortent de ma bouche.

Je suis sèche, je suis irritable, je n'ai aucune patience, et c'est son humeur à lui.

Je les entend parler, à travers moi.

Avec ma Pouillette, surtout. Pas (encore?) avec le Cromignon.

Je ne crie plus, non.

Mais je ne suis pas admirable de bonté et de patience pour autant.

Les mots, l'intonation, c'est sans doute pareil que les cris. Pire peut être?

Parfois, quand je sens que je ne me maîtrise plus et que ma "programmation" prend le dessus, je la contre.

Je regarde mes enfants, je respire fort, je souris. Et je suis fière de moi car j'ai réussi à bloquer le mécanisme. J'ai reussi à être moi, la mère que je veux être.

D'autres fois, quand je ne sens rien venir, sur un agacement, un énervement, la 1001ème fois que je répète la même chose, je me fais avoir.

C'est trop tard: j'entends ma mère, ses mots, alors qu'ils sont déjà sortis.

Il arrive que je ne m'en rende pas compte, aussi. C'est dans le regard de ma Pouillette que je le vois: ses yeux sont alors les miens, ceux que j'avais à son âge.

Que faire?

Je réfléchis, je discute, je lis, j'écoute tout un tas de choses. Malgré tout, ça arrive encore et encore et encore.

Je ne veux pas être elle, je ne veux pas être eux. Je veux être une autre mère: bienveillante, à l'écoute, ouverte, calme, compréhensive, juste. Je veux l'être tout le temps, fatiguée, agaçée, énervée, aussi.

Je pense que les grandes théories, c'est bien. Mais que ça ne change rien d'autre que le regard que j'ai sur moi même. A chaque jour suffit sa peine, alors j'essaie de réagir un jour après l'autre, une heure après l'autre.

Sourire est déjà un bon début, je crois.

Je ne veux plus reproduire, que c'est dur!