Aujourd'hui je vais te parler, comme souvent, colères chez l'enfant et éducation respectueuse.
Cromignon est d'un naturel colérique.
Avant, quand nous étions "bienveillants", la réponse que nous apportions à ces crises était la mise en retrait: le coin.
Cromignon refusait d'y aller, je le portais, il tentait de frapper, je le grondais, il refusait de rester au coin, criait, hurlait, se débattait.
Pourquoi le coin n'est pas une réponse adaptés aux crises de colère?
Parce qu'il faut une réponse qui ait du sens. La coin est vécu dans ce cas comme une "punition générique" sans aucun lien avec la cause de la colère ni la colère en elle même. De plus, la mise au coin sous-entend que l'enfant est acteur de sa colère, qu'il la contrôle, la provoque et peut l'arrêter s'il le souhaite.
C'est faux, il la subit et n'y peut rien. La colère est son moyen d'expression, comme j'en parlais déjà ici. La mise au coin entraîne un sentiment de honte, de frustration, et de dévalorisation...qui amèneront l'enfant à se mettre toujours plus en colère par la suite.
Que faire face à la colère, alors?
Je vais te raconter comment on gère les crises de colère de Cromignon selon RIE.
La cause de la colère est importante, il faut la verbaliser. Ne pas oublier avant tout que c'est normal, que ton enfant est normal, que son cerveau n'a pas encore la faculté de gérer autrement ses frustrations.
Cromignon joue avec sa soeur aux pirates, son jeu favori du moment. Puis, sa soeur n'a plus envie de jouer. Il commence par demander gentiment "s'il te plait Pouillette, joue encore, s'il te plait...". Elle refuse, il insiste de plus en plus. J'interviens en commentant: :"Je vois que tu as encore envie de jouer avec la Pouillette. Mais elle n'a plus envie, et on ne force pas les gens à jouer quand ils n'ont pas envie. Tu peux jouer un peu seul, et ensuite tu lui demanderas à nouveau si elle a envie de recommencer".
Il s'énerve: "je veuuuuux jouer Pouillette!!!!" Et il frappe sa soeur, la pousse, lui balance un truc...
J'interviens, je le bloque en disant "Je ne te laisserais pas frapper ta soeur, ça fait mal. Je suis ta maman, je t'aime" Il se met à crier, à tenter de me frapper, je bloque ses mouvements.
Mon mantra dans ma tête me permet de rester vraiment calme, et pas qu'en apparence: "not a big deal. C'est normal. Il exprime sa frustration. Il n'y peur rien. Not a big deal."
En général, ses colères s'arrêtent là maintenant. Il se met à pleurer à chaudes larmes et se jette dans mes bras. On fait un gros câlin et je le rassure sur mon amour pour lui. Je lui redis que Pouillette a le droit de ne pas avoir envie de jouer, mais qu'ils peuvent faire un dessin ensemble par exemple. Souvent, il me dit "pardon" de lui même, sans que je ne lui réclamme.
Et c'est vraiment fini, ça ne repart pas quelques minutes après.
Mais parfois, ça ne s'arrête pas là. Il continue de crier, balance des "tu es méchante!!!!" et tente de me frapper encore et encore. Au bout de quelques minutes, je lui dit alors "tu es trop en colère Cromignon. Je vais te porter jusque dans la cuisine (la salle de bain, la chambre, le bureau...je varie pour qu'une pièce ne soit pas assimiliée à la colère) et on va attendre que tu sois calmé ensemble."
Je le prends, en calant ses bras pour qu'il ne frappe pas, et l'emmène dans une autre pièce. Je le pose, et il continue à essayer de me frapper, puis va faire un tour en criant, puis revient tenter de me frapper, etc.
Je suis toujours calme à l'intérieur, je sais qu'il tente de se détendre, que c'est sa manière de le faire, et je sais qu'il va y arriver. Souvent, ça se termine ainsi: il fait 3 ou 4 allées et venues en criant, tente de me frapper au passage, je pare ses coups en lui répétant que "je ne te laisserais pas me frapper, ça fait mal", et je lui rappelle une ou deux fois que je l'aime. Je crois que ce rappel a une grande importance pour lui, mais aussi pour moi: ça me permet de rester calme pour de vrai, parce que ça me rappelle que je suis devant mon petit bonhomme qui est mal, et pas devant un sale môme qui hurle et frappe et ne mérite qu'une bonne fessée. Que je suis sa maman, que c'est mon rôle de l'aider, de l'éduquer, de lui apprendre à canaliser ses émotions. Finalement alors que je parerais un de ses coups, il va fondre en larmes et tomber dans mes bras.
Mais quelques fois encore, ça ne s'arrête pas là. Quand il est vraiment incontrôlable et tente tant et tant de me frapper que je ne n'arrive pas à parer ses coups, qu'il est limite hystérique, j'ai encore deux options.
Soit je le "saucissonne"; je le serre fort dans mes bras en lui disant des mots réconfortants et empèche ainsi tous ses mouvements. Ca a la vertu de l'aider à se sentir "canalisé", et provoque une libération dans son cerveau d'hormones apaisantes. Par contre ne rêvons pas, ça ne se voit pas tout de suite! En général il hurle de plus belle. Pour finir par enfin, fondre en larmes...
Mais quand le "saucissonage" n'est pas suffisant, c'est à dire que serré dans mes bras, il tente de me mordre par exemple, alors je le pose et lui explique que je ne peux plus rester avec lui parce que je ne veux pas qu'il me fasse mal. Que je vais sortir de la pièce une minute. Là, je vois bien que ça l'effraie au plus haut point, car il hurle de plus belle "ne pars pas, maman!!!!". Comme quoi la mise au coin, tout seul, était très effrayante pour lui.
Je lui répète que je reste juste derrière la porte et que je reviens dans une minute, mais que je ne peux pas rester avec lui parce qu'il risque de me faire mal.
Je sors, je maintiens la porte fermée, derrière il est déchaîné et tente de l'ouvrir par tous les moyens. Je lui parle de derrière la porte, je commente ce qu'il se passe dans sa tête: "tu es très en colère Cromignon. La colère va partir bientôt, et tout ira bien, et on ira faire un câlin, ou jouer."
Je ne reste pas plus d'une minute, et je reviens. Et ensuite je recommence si besoin, en alternant parfois avec le "saucissonnage", jusqu'à ce qu'il fonde en larmes dans mes bras.
Quand ça a été aussi loin, ce qui est maintenant rare, il me demande ensuite de le prendre dans ses bras et de marcher dans la maison, comme quand il était tout bébé et que je le baladais pour calmer ses coliques...mon tout petit.
Ca l'apaise, et ensuite on reparle un peu, mais pas trop (not a big deal!) de la grosse, grosse colère.
Voilà en pratique comment maintenantje gère les colères de Cromignon, avec RIE. Il en fait tellement moins qu'avant que j'ai bon espoir que ça disparaisse complêtement bientôt. Mais s'il y en a encore, je suis prête, je sais quoi faire, et tout se termine toujours bien.
Plus d'infos RIE chez Maman Mymou.
Et toi, comment tu gères les colères de tes enfants?
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