Ma Pouillette était un bébé modèle et une petite fille digne de la comtesse de Ségur.
Quand elle a atteint ses deux ans, on m'avait prédit l'enfer.
Le terrible two. Le déchaînement des enfers.
Deux ans ont été fêtés. Puis dépassés, puis carrément laissés loin derrière.
Rien.
Ma Pouilette est restée le petit bébé sage qu'elle avait toujours été.
Calme, posée, obéissante. Tranquille.
Pas de colères, pas de violence. Pas de crises au supermarché (de toutes façons j'évite d'emmener mes enfants au supermarché). Pas de test. Pas de refus d'autorité. Pas de volonté d'opposition.
Rien du tout.
Elle n'a même pas voulu à tout prix faire seule ce qu'elle n'était pas capable de faire, préférant attendre de maîtriser les capacités nécessaires.
Autour de moi, stupeur et consternation!
Et tout le monde d'y aller de ses remarques plus ou moins acerbes...allant du côté de ma famille jusqu'à se demander si elle était "normale", si elle était bien nourrie, si elle n'était pas délaissée ou même limite maltraitée!
Parce qu'un enfant ne peut pas être calme et sage sans être bizarre?
Ou est ce que, en ayant bavé avec leurs gosses, ces gens ne supportaient pas que je n'en bave pas, moi?
Et puis elle a grandi, et j'ai entendu: "oh, elle va te faire une adolescence terrrible, tu vas morfler!" "Il va bien falloir qu'elle s'oppose à toi! Tu vas le sentir passer!"
En reliant deux évènements qui n'ont rien à voir, ils se mettent en tête que, n'ayant pas eu ma dose d'enfant infect à l'âge requis, j'allais m'en prendre une double ration pour ses 15 ans!
Ben oui, pour grandir, il faut IMPERATIVEMENT s'opposer avec violence, c'est bien connu!
Jusqu'à cette pédopsy de la crèche qui ne m'a simplement pas crue quand je lui ai dit que ma fille n'avait jamais fait de "crise" d'opposition à deux ans, jamais une seule colère.
Peut être que la Pouillette fera une grosse crise d'ado, peut être pas. Mais tous ceux qui jouent à madame soleil parce qu'ils sont aigris que ma diablotine ait été un bébé plus que cool me tapent vraiment sur le système!
Et aujourd'hui, alors que le Cromignon grandit (et qu'il a tendance à coller des pains à ses petits camarades, et à faire des crises depuis ses 10 mois, hem...), voilà que certains en remettent une couche: "ah, c'était cool avec la Pouillette, tu vas souffrir avec le Cromignon!"
Comme si ce terrible two était une obligation, une fatalité, une étape qui devait forcement nous épuiser, nous, parents. Et que le fait d'y avoir échappé n'était pas normal, pas juste même!
Et donc si l'un de mes enfants ne l'avait pas fait, je devrais: être une mère maltraitante, subir une double crise d'ado, ou avoir un petit deuxième qui n'allait pas me louper! Voire le tout, pour ma peine!
Je n'ai pas de mérite particulier, j'ai de la chance, ma fille est cool. Peut être que ça va durer, peut être pas. Mon Cromignon est très cool sur certains points, et beaucoup moins sur d'autres. Cependant je trouve qu'à l'approche des deux ans, il s'assagit plutôt: plus grande compréhension du monde qui l'entoure, meilleure maîtrise du langage, ou autre?
Pour le moment, le terrible two n'est pas passé par nous.
Et j'aimerais bien que les haineux gardent leur haine!
C'est mon pavé dans la mare de la Mère Cane!