Il y beaucoup à dire sur l'état de nos collèges. Du bon, du mauvais.
On entend surtout du mauvais, mais je te garantis que ce n'est pas (encore complètement) la catastrophe.
Pourtant aujourd'hui je vais apporter ma pierre à l'édifice du mauvais.
Parce qu'il se passe de sacrées choses, ignorées du grand public.
Pour moi, c'est évident. Mais en parlant avec les copines je me suis rendu compte que personne, en fait, ne le savait.
Les profs, pour les parents, ce sont des profs.
Je vais t'apprenddre aujourd'hui que non.
Les profs de collèges, bon an mal an, sont censés être formés dans leur matière et en pédagogie.
Ils obtienent un putain de concours super balaize, crois moi.
Au terme de deux ans de préparation tant théorique que sur le terrain, ils seront en poste.
La formation est ce qu'elle est, mais elle existe.
Ces profs sont des profs titulaires.
Ca, c'est sur le papier.
En réalité, le postes sont de moins en moins moins remplacés suite aux départs en retraites ou aux mutations.
Remplacés par des titulaires.
C'est à dire que le nombre de postes au concours ne suffit pas aux besoins.
Cependant les élèves sont là et bien là, et il leur faut des profs quand même.
Donc l'Etat a recours à un sacré tour de passe passe.
Il s'adresse tout bonnement à l'ANPE.
"Qui a un bac + 3 ou 4 en n'importe quoi et veut faire le prof?"
J'exagère à peine.
Et arrivent dans nos chers collèges de France des "profs" donc, qui n'ont aucune formation pour l'être.
Ils sont contractuels ou vacataires: leur contrat est un CDD (pour la majorité, certains parviennent à avoir un CDI au terme de...pffff...plein d'années).
Généralement pour une année scolaire, parfois moins quand il s'agit de remplacement de quelques emaines ou mois.
Oui, parce qu'il n'y absolument pas assez de remplaçants titulaires non plus, pour les courtes durées.
Aujourd'hui ces profs précaires sont de plus en plus nombreux. Quand j'ai commencé mon métier il y a une quinzaine d'années, dans le collège où j'exerçais ils étaient 3.
Aujourd hui ils représentent la moitié des effectifs.
Certains font ce métier depuis des années, et ils sont rappelés chaque année pour boucher les trous à droite à gauche. On peut les balloter dans un périmètre géographique très important. Et ils doivent la fermer, bien sûr, sous peine de n'avoir aucune affectation.
Certains font bien le boulot, d'autres moins, mais ce n'est même pas mon propos.
Parce que de mauvais profs titulaires, il y en a, aussi. Je ne t'apprends rien.
Ces profs non titulaires ne sont pas toujours payés pendant les vacances scolaires.
J'en ai connu qui cumulaient deux activités, pour joindre les deux bouts.
Comme cette collègue d'espagnol qui était vendeuse dans un magazin de souvenirs à Montmartre le weekend...
Pour l'Etat, c'est tout bénèf: de la main d'oeuvre bien plus docile que les titulaires. Sans sécurité de l'emploi. Moins bien payée. Moins militante. Moins encline à défendre des droits qu'elle n'a pas.
Et personne ne le sait, en dehors de ceux qui bossent à l'éducation nationale.
Tes enfants, au collège, seront pris en charge en partie par un personnel qui n'a pas eu de formation, qui n'a pas de concours, qui fait peut etre ce job en attendant mieux, qui est mal traité par son employeur.
Attention, je ne souhaite pas du tout accuser les personnes concernées d'incompétence.
Je voulais juste informer ceux qui me lisent de ce qui se passe: au lieu de donner le nombre de postes au concours nécessaire, et par là même de permettre à ceux qui le souhaitent d'être des profs reconnus et titulaires, l'Etat fait des éconnomies sur le dos de nos enfants. Et envoie au casse pipe du personnel non formé.
Eh oui, parce que ces profs-là sont surtout dans les établissements difficiles, comme c'est étrange!
Envoyer des personnels non formés dans les établissements où la formation et l'expérience est la plus nécessaire...c'est tout à fait logique!
Au fait: ce n'est pas mieux dans le privé, non. La bas certains peuvent être recrutés en interne de la même manière, et même parfois pire...
C'est mon pavé dans la mare de la Mère Cane!