Eh oui, parce qu'un Cromignon pareil, ça se mérite.
Suite de ma série dont tu peux lire ici les épisodes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10.
Je t'ai laissé dans ma voiture, avec des contractions qui annonçaient un début de travail, alors que le bébé n'avait pas 5 mois In Utero.
On est arrivés à la maternité, la Pouillette pleurait. Je pleurait. J'avais peur.
Je suis passée aux urgences gynéco très rapidement, et après m'être fait examiner par tout un tas de gens, youp là oublie ta pudeur, l'équipe m'a informée que le col s'ouvrait, et m'a collé une perf avec je ne sais quoi dedans, produit censé bloquer les contractions. Ce fut inefficace. Au bout de deux heures, un gynéco est arrivé, a fait changer le produit. Et les contractions se sont enfin calmées.
Ce furent deux heures de terreur. Je pensais enfin avoir laissé la peur derrière moi, mais maintenant elle était revenue, plus forte encore. Maintenant, mon bébé était menacé de venir au monde tôt, bien trop tôt pour être sauvé, même si je sais que la médecine fait des miracles avec la prématurité.
J'avais peur, chaque contraction me mettait dans un état d'angoisse insupportable. Le bébé le sentait, il gigotait dans tous les sens, mettait des coups. Avait-il peur aussi? Je tentais de me détendre, pour lui. Je me rappelais cet adage: "la peur n'évite pas le danger". Elle le rend juste pire qu'il n'est.
Je suis restée 3 jour à la maternité, le temps que les contractions se calment et que le col cesse de s'ouvrir.
Et j'ai récupéré un nouvel arrêt de travail, cette-fois-ci, jusqu'à la fin du 7ème mois. Aujourd'hui, presque deux ans après, je n'ai pas encore été travailler.
Et j'ai eu comme recommandation de rester le plus possible au calme, et allongée.
J'avais des médicament à prendre en cas de contractions, quelque chose d'assez fort dont j'ai oublié le nom.
Je me suis donc à nouveau mise dans mon canapé.
J'avais moins peur, mon bébé était bien là, au chaud, il bougeait, il allait bien. Mais je devais tout faire pour le garder le plus possible dans mon ventre, une naissance si tôt lui aurait été fatale. comme tu le sais, je ne suis pas d'une nature optimiste, alors j'imaginais le pire...
Chaque jour était pour moi une petite victoire. Je comptais jours et semaines de grossesse, je regardais le poids que faisais à peu près mon bébé, je cherchais ce qui se passerait s'il naissait à 27, 28, 29 semaines...
J'avais encore des contractions, parfois très fortes. Je prenais des bains chauds, j'avalais mes médicaments. Je me faisais masser.
Et je ne faisais rien de mes journées, juste regarder la télé, lire, un peu d'ordi mais pas trop vu qu'il faut être assis.
Nous avons stoppé l'haptonomie, à notre grande déception, mais le docteur nous avait recommandé de ne pas trop toucher mon ventre, car trop de contacts pouvait déclencher des contractions.
L'homme devait à nouveau tout faire dans la maison, un peu moins car je me levais pour faire les repas, mais quasiment tout quand même.
J'ai eu quelques examens complémentaires, des analyses chez le cardiologue...
Le fait de passer le plus clair de mon temps allongée m'a beaucoup affaiblie. Dès que je devais bouger, j'étais épuisée. Mon corps n'a pas appris à se mouvoir avec le poids du bébé, et mes muscles ont fondu. La moindre marche d'escalier, la moindre promenade de plus d'un quart d'heure était pour moi un gros effort.
Plus le temps passait, plus je me rassurais. Mais mes jours et mes nuits étaient émaillés de crises de contractions, de cauchemars, de peurs et d'angoisses incontrôlées. Dès que j'avais un peu de toux, un rhume, un bouton de fièvre, j'étais paniquée et je fonçais chez le docteur, ou j'appelais SOS médecin.
Tout le monde a toujours été très gentil face à mes réactions parfois démesurées, très compréhensif. Jamais un docteur ne m'a envoyée paître, tout le monde me rassurait. On ne m'a jamais refusé une échographie que certains osent qualifier "de confort".
Je suis arrivée au 8ème mois. Pas encore totalement rassurée, mais tout de même convaincue que ça allait être vrai, qu'un joli petit bébé allait bientôt VRAIMENT arriver dans ma vie.
Je me suis donc levée plus souvent, j'ai marché, monté des marches. Fait un peu de yoga.
Comme j'avais accouché par césarienne de la Pouillette, il ne fallait pas que je dépasse le terme si je voulais avoir une chance d'accoucher par voie basse. J'ai donc commencé à m'agiter pour activer le travail.
Le terme approchant, j'ai tenté l'homéopathie, les tisanes de grand-mère, censées provoquer l'accouchement. Rien.
Ce bébé que j'avais tant voulu garder en moi me prenait un peu trop au mot, maintenant...quel comble!!!
J'ai parlé au bébé. Je lui ai dit qu'il était prêt, qu'il pouvait naître.
Mais rien!
Et le jour J est arrivé.
Munie de ma fameuse valise, j'ai pris, avec l'homme, la direction de la maternité.
La suite au prochain article sur le long chemin vers le Cromignon!