Suite de ma série dont tu peux lire ici les épisodes 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11.
Je t'ai laissé devant la maternité, avec ma valise.
Je t'ai dit que même en ce jour du terme de ma grossesse, j'avais peur pour mon bébé?
Cette peur qui ne m'a pas quittée.
J'avais mis du mascara waterproof, au cas où je pleurerais.
Je suis passées aux vérifications habituelles. Sous le monitoring, la sage-femme m'a secoué le ventre, et j'ai tout de suite imaginé le pire.
Le bébé dormait, il fallait juste le secouer un peu, c'était tout. Pour te dire à quel point j'étais angoissée...
Bref, après les examens, une gyneco est arrivée.
Elle nous a dit que le travail avait très peu de chances de se déclencher dans les 48h, et que c'était le délai qu'ils m'accordaient en plus du terme.
Que j'avais le choix d'attendre ces deux jours, au cas où...
Ou de passer sur le billard tout de suite.
Ce qui a motivé notre choix, ce fut sa réponse à cette question:
" Est-ce que vous acceptez que l'homme soit présent?".
Si elle avait dit non, nous serions repartis.
Mais elle a dit oui, alors je suis allée prendre une douche à la bétadine, et me taper une des plus grosse honte de ma vie: traverser le couloir de la chambre jusqu'à la salle de césarienne, à poil et pied nus, avec mon ventre à terme, juste recouverte de ce truc cache-rien du tout de l'hosto...
Pourquoi est ce que, trop souvent, on ne respecte pas votre intimité dans les hostos? Vaste question...Je parie que tu en aurais à raconter, toi aussi!
J'ai du attendre, avec l'homme, dans la petite salle près de la salle d'opération. Mes mains tremblaient, je n'arrivais plus à penser ni à me calmer. J'avais peur.
Puis je suis rentrée. Assise sur la table d'opération, j'ai senti la petite aiguille de l'anesthésie locale dans mon dos. Puis l'adorable infirmière m'a dit de ne pas bouger, et l'énorme aiguille a pénétré ma colonne vertébrale. Sans que je la sente.
L'équipe était super. Très sympa, ils passaient leur temps à plaisanter, ce qui a considérablement contribué à détendre l'atmosphère et à me faire relativiser.
Ils ont réussi à me faire rire, avec le bide grand ouvert!
Ils ont dressé le drap bleu sous ma poitrine, et ont fait renter l'homme.
Je te raconterais plus tard les détails de cette seconde césarienne...
Ce fut très rapide. J'ai senti le scalpel m'ouvrir le ventre. J'ai senti qu'on m'appuyait en haut, que le bébé descendait, qu'on le sortait. Je l'ai entendu crier. On me l'a montré, fugacement.
Je crois que je pleurais.
Le Cromignon.