Demain c'est la fête des mères. J'aimerais avoir une mère pour la lui souhaiter. Mais je n'en n'ai pas. Non que la femme qui m'a donné la vie soit décédée, mais je ne la considère plus comme ma mère, et elle ne me considère plus comme sa fille.
La personne qui est censée m' aimer d'une manière inconditionnelle, être toujours là pour moi, avoir pour moi cet immense amour que j'ai pour la Pouillette et le Cromignon, et que tu as pour tes enfants, si tu en as; elle ne m'aime pas.
Elle n'a pas jugé que j'étais digne de son amour.
Elle m'a tourné le dos à un moment de ma vie où j'avais le plus besoin d'elle. Pour le premier drame de ma vie. Elle a décidé que nous n'aurions plus rien à voir ensemble. Elle m'a fait tant de mal, tant de coups tordus, avec la complicité de mon père, depuis ce moment.
J'ai du lutter sur tous les fronts. Je devenais mère célibataire, avec une petite Pouillette de 2 ans, d'une manière très brutale. Le père de la Pouillette a alors décidé de me pourrir la vie, bien comme il faut, ne supportant pas d'être rejeté, pourtant à juste titre et par sa faute, après le genre de trahison qu'on voit dans les séries B.
J'ai du me battre au quotidien, pour rester forte, pour rester droite dans mes bottes. Gagner ma vie et celle de ma Pouillette. Éviter qu'on ne me prenne mon rôle de mère.
Ma mère et mon père n'étaient pas là pour moi, et au contraire, ils étaient contre moi. A essayer de m'enlever ma fille, à me refuser la compétence de l'élever.
J'ai manqué d'argent. Ils n'ont pas été là. Au contraire, ils m'en ont demandé. J'ai travaillé comme un âne, cumulant les heures sup', samedi compris, jusqu'à 21h parfois. Car quand on ampute la moitié du budget d'un foyer, on n'en diminue pas de moitié les charges.
J'ai été aidée. Beaucoup. Énormément. Par des amis formidables, par la nounou de ma fille. Aussi par une autre partie de ma famille. Ce que je leur dois, je ne pourrais jamais le leur rendre je pense, car c'est mon équilibre qu'ils m'ont permis de restaurer, et celui de la Pouillette. J'ai été émue par tant de soutien, venu de là où il n'était pas forcément le plus attendu.
Quelle mère n'aide pas sa fille trahie et trompée d'une manière odieuse pour prendre le parti du malhonnête?
Quelle fille est si infâme qu'elle n'est pas digne de l'amour de sa mère....? Je me pose encore la question. Suis-je si nulle, si mauvaise, pour que ma propre mère ne m'aime pas? Qu'ai-je fait de si mal? Qui pourrait m'aimer si mes propres parents me rejettent, eux qui devraient m'aimer envers et contre tout? Comment m'aimer moi-même si même eux me rejettent?
Je me suis reconstruite, sans eux. L'homme m'y a bien aidée, sans le savoir, sûrement. Mais au fond de moi la plaie est là, et elle le restera.
Alors la fête des mères aujourd'hui, c'est la mienne, juste la mienne, car je n'ai personne à qui la souhaiter. Mais quand la Pouillette m'offrira son joli dessin demain, je me jurerais comme chaque année que je serais toujours là, moi, pour elle.