("Marche ou crève, y'a pas d'trêve ça continue
J'ai le choix des armes, dans un monde en larmes. Sans retenue
J'peux dire que c'est moche, mais que c'est comme ça
J'ai pas le choix (y'a pas d'alarme)")*
Aujourd'hui je vais ta raconter un petit peu ma vie.
J'ai grandi dans un pavillon de banlieue parisienne. Mes parents travaillaient, on n'était pas à plaindre.
Beaucoup de mes amis vivaient dans les cités proches. Certains galéraient vraiment.
Je ne me la joue pas "lascar" parce que ce serait vraiment faux, j'étais une privilégiée, pas une zonarde.
Quand j'ai eu 17 ans, j'ai commencé à travailler en parallèle de mes études.
Non pas que j'étais dans le besoin, j'aurais pu faire mes études chez papa-maman, mais je voulais devoir le moins possible à quiconque. Et puis la vie commune c'était pas toujours la joie.
J'ai bossé d'abord chez Burger King, de glorieuse mémoire.
A 19 ans, avec tout de même de l'aide familiale même si ça me fait mal où je pense de l'admettre, j'ai pu prendre un petit appartement.
J'allais à la fac, le jour, et deux "nights" par semaine, plus une journée complète, je vendais des whoppers, et je faisais aussi les chiottes: on appelle ça "employé polyvalent". Je te rassure, je me lavais les mains entre les deux.
Je me débrouillais pour caser mes cours de manière à pouvoir dormir un peu entre la fac et le travail, d'où je rentrais vers 4h du mat'.
Et je révisais surtout dans le métro, qui m'occupais bien 3h chaque jour, aussi.
("J'peux dire, mais je crois qu'j'vais faire et c'est tant mieux
J'ai le choix des armes et celles-ci ne sont pas à feu")*
Je n'ai pas donné que dans le fast food: j'ai aussi fait du télémarketing, l'hôtesse d'accueil, la stagiaire dans une banque...
Pendant les vacances universitaires, je bossais à plein temps.
Je n'ai donc quasi pas eu de vacances réelles de mes 18 à mes 23 ans.
Je vivais avec...OMG...un salaire moyen de 3000...francs!!!! par mois pour payer mon petit loyer, la bouffe, les fringues, la carte orange (ancètre du pass navigo...), 2 ou 3 sorties...
Je ne vais pas te mentir: par moment, j'en ai chié. Vraiment.
La fatigue me clouait au lit le dimanche. En cours, souvent, mes yeux se fermaient. Et dans le métro, je ronflais aussi, souvent.
("Le choix des armes, un monde en larmes
Y'a pas moyen que j'perde mon âme")*
Mais je crois bien que j'étais tout de même plutôt heureuse et fière de moi. Je pouvais tout de même me payer de quoi aller danser ou au ciné avec les copains, le samedi soir.
Ce rythme effréné, je ne le tiendrais pas aujourd'hui, c'est sûr.
("J'peux dire, que dans mon coin j'attends mon heure
Mais pas des faveurs, je refuse de filer
De m'faire enfiler, si j'saute sans filet
Pas d'balles, pas d'gilet pare-balles
Fatigué, que dalle.")*
Je ne le souhaite pas pour mes enfants non plus.
Mais je ne veux pas que tout leur tombe tout cuit dans la bouche: si aujourd'hui j'ai réussi mes études malgré tout, c'est aussi parce que la perspective de finir au fast food m'était insupportable: je savais ce que c'était de passer 8h derrière un comptoir, et il m'étais inevisageable de faire ça toute ma vie.
("D'après c'que j'ai appris, on a tous une place en enfer
Pour un plus ou moins long séjour.")*
Je leur demanderais donc de participer quand ils auront l'âge: pas de bosser tout le temps, car beaucoup se sont perdus dans les méandres des petits boulots. J'ai eu de la chance, moi.
Mais pendant les vacances, ils iront travailler un peu, s'ils veulent avoir de l'argent de poche ou partir avec les copains.
Du boulot dur, pénible, peut être. Pour qu'ils sachent ce que c'est. Pour qu'ils donnent tout pour faire un métier qui leur plaît, et pas juste pour gagner leur vie.
Aujoud'hui encore "mon coeur pense à tous ceux qui sont toujours là bas" * et qui n'ont pas eu ma chance.
Tu peux l'écouter, mon leimotiv de 1997, ici si tu veux.(Je me revois à 20 ans, écouteurs dans les oreilles, station "Porte de la Chapelle", à chaque fois que je l'entends!).
Je voudrais que mes enfants soient courageux, qu'ils se bagarrent un peu, qu'ils soient fiers d'eux.
Alors non, je ne leur offrirais pas tout, même si je le peux (et c'est pas gagné non plus): pour profiter de ce qu'ils auront construit, ils devront goûter un peu le goût de la sueur.
Je suis Bad, mais c'est pour leur bien!
Et Foxymama aussi, c'est une sacrée {Bad Mother}!
D'autres {Bad Mother} chez:
Toi aussi tu es une {Bad Mother}?
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Un article, un lien vers chez Foxymama et chez moi, et tu nous laisse le lien en commentaire...
Qui sera la pire {Bad Mother} cette semaine?