Certaines amies me disent que je suis trop gentille et que du coup, on abuse de moi. Certes. Je ne dis pas que ça n'arrive pas. Mais j'en suis assez contente, en fait. Je m'explique.
Il se trouve que je suis un être humain, et toi aussi. Je déplore souvent le manque d'entraide entre nous. Je trouve que c'est trop chacun chez soi, et qu'il suffirait de donner tous un peu aux autres pour que ce monde soit vachement plus cool. Donner un peu, pour moi, c'est rendre service, tant que je peux et que ça ne me gêne pas trop. Aider, gratuitement. Je ne suis pas dans une logique donnant-donnant.
Par exemple, quand la Pouillette est entrée en maternelle, comme j'étais seule avec elle, que je n'avais pas de sous et que je bossais comme une ânesse pour en gagner, le gros problème pour moi était de trouver une solution gratuite pour la faire récupérer après l'école. J'ai donc trouvé deux-trois mamans très sympa, avec des gamines mignonnes comme tout, et on s'est réparti les retours du soir avec garderie inside. Le jour où je quittais tôt, je récupérais une, deux, voire trois voire même quatre gamines en plus de la mienne (j'avais l'impression de faire du zèle au taf et d'être en sortie scolaire!), je les ramenais chez moi, goûter, animations , jeux, etc...jusqu'à ce que les mamans rentrent du travail. Avec option dormir à la maison si besoin. Mais pas les quatre par contre!
Et les autres soirs, je pouvais bosser jusqu'à pas d'heure et aller récupérer ma Pouillette chez les copines.
Bonus: les filles étaient super contentes de passer du temps ensemble! Et pour ma Pouillette, fille unique vivant avec maman solo, c'était de l'or, tout ce petit monde.
Quand on me demande un coup de main, je ne vois pas pourquoi je le refuserais, sauf si ça me gêne vraiment dans mon organisation. Je peux te dire que j'en ai gardé, des gosses! Que j'en ai fait, des déménagements! Que j'en ai prêté, des sous! Que j'en ai hébergé, des gens! Mais on m'a aussi beaucoup aidée. Car j'en viens là ou je voulais arriver: même s'il n'y a pas de donnant-donnant, il y a un minimum.
Je ne t'aide pas pour que tu m'aides en retour. Je t'aide parce qu'on est des humains, que la vie est dure pour tout le monde, et que si on ne s'entraide pas un peu, je trouve qu'on est pire que des bêtes (dont beaucoup s'entraident, soit-dit en passant...). C'est la beauté du monde aussi, les rapports humains. Rendre service, ça grandit, ça rend aimable, ça n'est pas qu'altruiste, parce que si je t'aide, je suis contente de moi.
Cependant il ne fait pas abuser. Je pense à cette pseudo-copine qui m'a collé ses gosses (fort sympathiques, les gosses ) à garder je ne sais combien de fois. Une maman solo aussi. J'ai compatis, ça ne me gênait pas de les garder, donc je l'ai fait sans arrière-pensée. Autour de moi, des amis ont émis des avis critiques: et elle, elle te les garde quand? Elle te rend service, un peu? Tu les fais tout le temps manger chez toi, elle te ramène le dessert, un paquet de bonbons, une bouteille de jus? Mais je n'ai écouté personne, que moi-même. Parce que je la voyais dans une situation que j'avais vécue, et je la comprenais. Je pouvais l'aider, dons je l'ai fait, car pour moi c'est logique.
Mais un jour, j'ai eu besoin qu'on me garde le Cromignon. Pas longtemps, une heure et demi. Je n'avais personne sous la main. Je lui en ai touché un mot. Elle m'a dit qu'elle était fatiguée.
Je n'ai pas relevé, parce que ça peut arriver aussi de ne pas réfléchir. J'ai continué à garder ses enfants. Et quelques semaines plus tard, je l'ai testée, pour voir. Je n'avais pas besoin qu'on m'aide, mais j'ai voulu savoir si j'étais la pigeonne ou non. Je lui ai demandé si elle pouvait le prendre, une demi heure. Parce que je devais aller chez le dentiste près de chez moi pour une visite rapide. Elle m'a répondu que je pouvais emmener le Cromignon, vu qu'il était sage.
Et j'ai arrêté de l'aider. J'ai tendu l'autre joue pour de faux pour voir, elle a mordu, tant pis pour elle.
Donc oui, je peux être une pigeonne. La c'était clairement le cas. Mais j'en suis fière, parce que je peux me regarder dans une glace et me dire que oui, je suis une nana qui aime aider les autres. Et que si dans ces autres, il y en a 10% qui abusent du coup, tant pis pour eux, moi, je reste telle que je suis. Parce que j'aime mes semblables à la base, ce ne sont pas les profiteurs qui me feront changer d'avis.
Pour le défi du jeudi chez Sysyinthecity et MaCyMa!