Je hais déménager. Attention quand c'est moi qui déménage, sinon j'aime beaucoup aider les copains/copines, je suis championne du porter de carton toutes catégories, c'est moi qui conduit le camion, j'adore ça! J'ai dû rater ma vocation de routier! Mais quand il s'agit de moi, je déteste.
D'abord, c'est épuisant. Il faut tout préparer, empaqueter, démonter, pendant des semaines en avance, ce qui t'empêche d'avoir d'autres activités et toute vie sociale. Pendant des semaines tu manges des trucs tous prêts parce que t'as encartonné tes casseroles.
Ensuite il faut trouver des copains sympa qui vont t'éviter de payer les déménageurs une fortune, et le jour J il ne faut pas de couac dans l'organisation. Et ensuite...faut tout remonter, déballer, agencer. Le tout dans un bordel sans nom et des litres de poussière.
Tout ceci est très anxiogène pour moi.
L'an dernier nous avons fait THE déménagement. Paris-Perpignan. quasi 900 bornes. avec donc des données très précises:
- nous ne savions pas avant fin juin où nous allions être en poste, et nous devions être au plus tard le 1er septembre sur place pour reprendre le travail. Ça fait 2 mois pour: trouver un appart, sur le net sur photo (crainte de la mauvaise surprise à l'arrivée...), rendre l'appart parisien, déménager.
- vu le kilométrage, pas moyen de faire des aller-retours. Un seul voyage.
-donc: tout l'appart doit tenir dans le camion. qui sera le plus grand que l'on puisse conduire avec un permis voiture, l'homme n'ayant que ce permis là!
-donc: il va falloir dégager du meuble. Ventes dès le mois de mars sur le boncoin.
-donc: à l'arrivée il va falloir trouver du monde pour aider l'homme à décharger tout ça. Au départ on a des copains, mais à l'arrivée...
-last paramètre, BUT NOT LEAST: enceinte jusqu'au yeux, je suis censée accoucher le 4 août. Je tiens absolument à accoucher dans ma maternité, où j'ai été suivie. Je ne vais pas me pointer aux urgences dans un hôpital inconnu le DDay.
Compte tenu des données du problèmes, j'ai juste envie de me recoucher plutôt que de faire des cartons. Ah oui, étant donné que j'ai passé 8 mois allongée en attendant le Cromignon, ben les cartons, j'ai rien fait.
En juillet nous avons trouvé un appart, pris virtuellement. On a eu de la chance il était conforme à la description et aux photos. Par contre ce qui n'était pas stipulé c'est que les murs sont en papier mâché. J'entends mon voisin ronfler la nuit. Sans rire!!!
Et le déménagement s'est finalement fait en 2 fois. Premier départ en juillet pour aller entreposer notre bordel chez des amis adorables qui nous avaient laissé leur maison pendant leurs vacances. Donc ce jour là, je devais serrer les fesses et ne pas accoucher, l'homme étant indisponible. Ce fut somme toute simple et rapide: plein de copains pour aider, les cartons à mettre en vrac dans leur garage. Ca a pris 4h, et voilà.
Et ensuite, nous avons attendu Cromignon. Qui a traîné si bien que le 4 août, jour du terme, on a du aller le chercher en me faisant une césarienne. Ce qui n'a pas simplifié les choses, en me rendant indisponible pour tout effort physique pendant deux mois, et m'affaiblissant considérablement pour la suite des opérations.
5 jours après, je sortais de la mater et m'installais avec Cromignon chez lesdits adorables copains. Mes beaux-parents étaient venus préter main-forte, car l'homme allait me laisser avec Cromignon, Pouillette et le lapin pour se farcir les 900 bornes, seul dans son camion. Ce qu'il a fait 3 jours après notre sortie.
Comme les copains étaient quasi tous en vacance en août, on a payé les grands fils de deux copines pour venir aider l'homme à charger le camion définitif. Et il est parti. Heureusement, s'il a fait le voyage seul dans son camion rempli tellement à ras bord qu'il pouvait à peine accéder au levier de vitesse, ma super sister et son fiancé on pris la voiture (ben oui parce qu'on a une voiture aussi!) et son venus lui prêter main-forte pour le déchargement, ainsi qu'un super copain. Merci les gars (je dis les gars parce que ma soeur, c'est un bonhomme pour le coup!).
Et je suis restée avec ma cicatrice, mes seins douloureux (cf ici), mon Cromignon d'une semaine, ma Pouillette, le lapin et mes beaux-parents.
Et j'ai trouvé ça dur. D'être sans mon homme, d'être inquiète pour lui arce que c'est tout de même drôlement crevant tout ça. D'être avec ma douleur aux seins sans pouvoir lui parler. D'être démunie parfois avec Cromignon. Je voulais me reposer 2 semaines, lui laisser le temps d'installer un peu le nouvel appart. Mais je voulais le rejoindre. Alors 4 jours plus tard, j'ai pris le train.
Il faut visualiser la chose.
J'avais deux ENORMES valises. Plus deux ou trois petits sacs supplémentares. Le Cromignon en écharpe JPMBB. La Pouillette qui me fut d'une aide plus que précieuse. Et, dans sa minuscule cage de transport, l'inévitable lapin. Qu'il fallait abreuver et câliner régulièrement pour s'assurer qu'il n'arrive pas tout crevé, pauv'bête, c'est fragile ces machins.
J'ai pensé qu'il allait me manquer: des bras, de la force, des porteurs, du sommeil, des anti-douleur.
Pour aller jusqu'à la gare nous partîmes une belle bande d'éclopés, à 3 adultes. Moi donc dans l'état que tu peux imaginer, avec en prime de la fièvre due à mon infection aux seins. Ma belle-mère de très bonne volonté mais ne pouvant pas soulever les valises vu qu'elle souffre du dos. Ma super copine J. qui nous a accompagnées en voiture mais qui ne peut pas soulever non plus vu qu'elle est enceinte.
Belle brochette!!!! Dans le genre bras cassés c'était charmant!
Comme mes valises roulent, le soucis consistait surtout à les monter dans le train. Je comptais alors sur la solidarité humaine en me disant qu'il était moralement impensable de nous voir arriver sans se ruer sur nous à l'entrée du train pour me porter les valises (lourdes comme un âne mort tu t'en doutes...) et les installer dans le compartiment. Quiconque n'aurait pas eu ce geste naturel se serait senti voué pour l'éternité aux flammes de l'enfer, non? Eh bien non.
Gare de Lyon, Paris.
Après s'être gourées de quai, avoir marché (cavalé) partout, je sens que j'ai la tete qui tourne. Ah oui j'avais oublié, il y a 10 jours j'étais sur le billard, le bide ouvert. Normal donc, faudrait que je puisse m'asseoir. Et poser un peu Cromignon.
On arrive devant mon wagon qui évidement était le dernier au bout du quai. Loi de Murphy, quand tu nous tiens, tu nous tiens bien!
Je suis juste épuisée. Le contrôleur est une contrôleuse. Qui me dit que ça n'est pas son taf de m'aider avec les valises. OK, sympa. Dans le wagon, eh bien...personne!!!!!! Ce sont ces wagons à étage, où l'on ne voit pas l'intérieur!
Finalement c'est super J., enceinte, qui a porté les valises. J'ai failli tomber de trouille qu'elle n'ait un problème à cause de ça, mais elle n'a rien voulu entendre...et aujourd'hui sa petite va très bien, ouf! Elle ne m'a même pas aissé le temps de m'interposer en fait, sinon je l'en aurais empêchée je pense.
Et nous voici dans le TGV, en première parce que là c'était vraiment nécessaire. 5h de train, ça n'est si long finalement, avec un Cromignon qui dort et tête, et une super Pouillette qui gère le lapinou.
Et arrivés sur place...ah un appart plein de cartons, de poussière, tout est crade, et l'eau chaude dont j'ai besoin pour dégorger mes seins malades ne marche pas...vision d'horreur, j'ai failli repartir!!
Je pense tout de même que ce rocambolesque voyage n'est pas étranger aux longs mois qu'il m'a fallu pour récupérer après mon accouchement...
Quand je pense qu'on va remettre ça dans deux mois, j'ai juste envie d'émigrer au Kamachatka...